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Stupeur matinale

Le potager évolue, mais pas toujours dans le sens que je l'avais imaginé.


Mardi 26 juin

Cette nuit, mon jardin a été visité. Pas par un ami bienveillant venu constater avec admiration le travail effectué et la progression de mes cultures, mais par un être gourmand qui n'a pas voulu attendre une invitation ni le temps des récoltes pour se régaler: j'ai eu, au petit matin, la terrible surprise de constater que mes fraisiers avaient été broutés par un inconnu, vraisemblablement un petit ami sur 4 pattes, assez habile pour grimper sur les bacs et assez grand pour tailler les tiges à 20 cm de hauteur.

Qui pourrait-il bien être ?

Un écureuil ?

Non. Trop petit.

Un raton-laveur ?

Pas assez végétarien.

Une marmotte ?

Trop paresseuse pour sauter à 3 pieds du sol et atteindre le dessus des bacs !

En explorant le reste du jardin à la recherche d'indices sur la nature de ce convive malvenu non convié au buffet potager, je découvre un après l'autre les sévices commis par ce malotru : ici, ce sont les fraises qui ont été "topées"; là, les bettes ont été dévorées; plus loin, les plans de haricots ont été ravagés ; juste à côté, les plants de concombres et zucchini ont subi une coupe sévère; un peu plus loin encore, quelques hostas ont été broutés et encore plus loin, une viorne grignotée en ses pointes, à hauteur de poitrine. Par contre, tomates, laitues et choux voisins ont été épargnés. La "bâète" a des goûts sélectifs. L'étau se resserre. Avec mes yeux de détective, je suis capable de retracer le trajet de l'intrus. Je sens poindre de sérieux soupçons et m'apprête à confondre le coupable, le même sans doute qui, deux semaines plus tôt, a grignoté les jeunes arbres frêles et vulnérables fraîchement plantés par les voisins, deux maisons plus loin. Un être adorable et attendrissant rencontré maintes fois dans la forêt, sur notre montagne, le Mont-Saint-Hilaire, gambadant et sautillant à travers les feuillages. J'accuse... Bambi ! Oui ! Bambi ! Le fameux ! Celui qui a charmé notre imaginaire enfantin et disneyen ! Ce cervidé juvénile avant ses bois ! Il a l'air si gentil et inoffensif comme ça mais, sous ses faux airs tendre et innocent, une bête pernicieuse, insidieuse, sournoise et égoïste se dissimule, prête à sauter sans crier gare sur vos plates bandes dès que vous avez le dos tourné.

Comme s'il n'avait pas assez de quoi se nourrir dans le bois ! Franchement ! Voilà qu'il s'invite lâchement à la table de notre jardin, évidemment la nuit, camouflé, dans l'obscurité, quand tous les chats sont rentrés et que l'attention des hommes se tourne vers l'intérieur !

Donc, cette nuit, Bambi s'est mis à table et s'est régalé.



L'urine de coyote disposée en petites fioles ici et là par mes amis Denise et René la semaine passée n'a pas été aussi efficace qu'on l'espérait. Pas au nez d'un chevreuil, en tout cas !

À situations d'urgences, mesures d'urgence

À présent, il va falloir agir vite. Le temps est compté. Mon potager est menacé. Plus que mon potager, c'est mon projet tout entier, des heures de travail, d'effort, de patience, d'espoir et d'attente qui risquent d'être ravagés et leur objectif compromis.

Ni une, ni deux ! Retour à l'atelier ! Affolée par cette agression inopinée, à la frontière du découragement mais avec l'énergie du désespoir et un instinct profond de survie, j'ai repris avec empressement mes outils (ceux d'Éric, en fait) pour fabriquer sur le champs, entre deux obligations professionnelles (cours et réunion), une nouvelle cage de protection en grillage à poule afin d'épargner les quelques fraisiers qu'il restait, puis, en fin de journée, ai tendu des filets à oiseaux autour des bacs jusque là non protégés, filets entreposés depuis des années dans le cabanon dans l'attente d'un usage judicieux et salutaire. Ils feront office de protection de fortune en attendant de trouver solution plus efficace. Au sol, j'ai étendu des bandes de grillage à poule censées rendre l'accès au buffet moins accueillant pour les sabots de Bambi-le-malotru.

Mon jardin en bacs est devenu un jardin en cages...



Samedi 30 juin

Voilà 5 jours que les filets sont en place. Pas de traces de nouvelle visite depuis. Je croise les doigts et surveille mes protégés en faisant chaque matin le tour du propriétaire, l'état des lieux et l'inventaire des troupes verdoyantes, veillant à ce qu'aucun de ses membres ne manque à l'appel. Mes mesures de protection sommaires ne seraient de toute évidence pas à l'épreuve d'un chevreuil motivé, mais Bambi a dû trouver meilleur buffet plus généreux et accessible ailleurs. Grand bien lui fasse ! Je préfère l'imaginer sur la montagne.

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